Pour la première fois en 2024, la filière solaire a été sur une trajectoire permettant d’atteindre nos objectifs nationaux, et le respect de nos engagements européens. En 2025, en proposant un projet d’arrêté contesté par les acteurs concernés, l’État français fait à nouveau preuve d’une réelle inconséquence dans le pilotage d’une filière industrielle, pourtant cruciale dans le contexte climatique et géopolitique actuel.
D’abord pour la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie, le gouvernement prévoirait finalement une forte réduction de l’ambition pour le photovoltaïque à horizon 2035 (65 GW, soit 10 GW en-dessous de la fourchette basse qui avait été annoncée et très en dessous des 100 GW annoncés par Bruno Le Maire il y a deux ans). Vous pouvez lire cette analyse critqiue de la PPE 3 par FNE si vous souhaitez en savoir plus.
Ensuite pour les projets photovoltaïques de moins de 500 kWc, qui représentent 60% des projets citoyens en Pays de la Loire, les tarifs d’achat sont remis en cause :
- Sur le segment 0-9 kWc, le tarif de rachat du surplus d’électricité serait divisé par trois, passant de 12,7 cts€ à 4 cts€/kWh
- Sur le segment 9-100 kWc, le tarif sera maintenu à son niveau actuel, mais sera soumis à un mécanisme de dégressivité plus fort
- Sur le segment 100-500 kWc, l’incertitude réglementaire et la forte dégressivité annoncée des tarifs d’achat mettent sous tension les porteurs de projets : qu’ils soient agriculteurs, coopératives citoyennes ou établissements publics, tous ont besoin de visibilité. C’est évidemment aussi vrai pour les partenaires financiers (banques), sans lesquels l’atteinte d’objectifs ambitieux ne sera pas tenable.
Ces mesures restrictives auront des conséquences délétères sur les projets les plus accessibles aux acteurs locaux (bâtiments agricoles, publics et privés, parkings etc.) et qui permettent de créer une activité et des emplois équitablement répartis dans les territoires. Ce sont aussi les projets qui donnent la priorité aux espaces artificialisés pour le photovoltaïque et limitent l’impact sur la biodiversité.
Rien n’est encore acté, puisqu’à l’heure actuelle le gouvernement a seulement mis en consultation un projet d’arrêté. Tandis que les têtes de réseau, dont Énergie Partagée, agissent au niveau national, les députés peuvent être interpelés par les citoyens dans leur circonscription.Restons donc mobilisés dans les prochaines semaines pour éviter de mettre en péril 75% des projets citoyens en France et détruire une filière, des emplois et accentuer notre dépendance énergétique !